Exégèse du tjésou 5 de Ptahhotep, par Kwamé Ptahhotep Touré

Voici là, la première contribution d'une série d'exégèse sur les tjésous (maximes) d'Imhotep tjaty du Fara Djéser. Penseur, légat, politicien, architecte, médecin accompli, les 47 siècles qui nous séparent de lui n'ont rien altéré à l'actualité de son médou nétjer.

Introduction


Ptahhotep est le fruit de l'exact grandeur de la philosophie kémite, d'une sagesse sans pareil. Ses maximes sont parmi les plus abouties de cette discipline.

Indicateur de son époque, il est véritablement le produit de son environnement.

Dans cette maxime, Ptahhotep nous expose les exigences déontologiques d'un chef, qui part des règles définies et intemporelles, fait appliquer des lois aux citoyens Kémites, non sans transgression de leur part.

Il a toujours été difficile pour les dirigeants et garants des règles et des lois de les faire appliquer et accepter par le plus grand nombre, et très souvent, l'Histoire nous a montré que le peuple s'en détourne de manière systématique et frénétique. Les peuples passent, mais les règles restent.


Développement


Le rôle de celui qui dirige est d'une importance capitale, Ptahhotep nous montre que les directives du chef, sa rectitude et le rendement de ces décisions sont le fer de lance d'une bonne gouvernance et qu'ils ont une influence directe sur les personnes qui reçoivent ces directives.

Plusieurs termes nous donnent des indications sur le sens a apporté a ce texte:

«responsabilité » et « diriger » sont des notions utilisées par Ptahhotep pour exprimer le lien entre un dirigeant et ses responsabilités. Le chef n'est pas celui qui se dérobe. Les subordonnées attendent de lui qu'il prenne sur ses épaules les décisions, et bien sûr, qu'il en assume la pleine responsabilité dans la victoire comme dans la défaite.

« directives » et « subordonnées » renvoient l'initié à la subordination aux ordres qu'il reçoit. Comme je l'ai dit précédemment, le chef assume ses responsabilités et le subordonné doit appliquer les directives. Aucune forme de contestation ne doit être émise. Car, faire partie d'un ensemble, d'une corporation, implique d'être assujetti à ceux qui dirige.

A-t-on déjà vu un soldat discuter les ordres d'un général?

« efficient » et « irréprochable » expriment le fait que la personne qui exerce son autorité paraîtra toujours juste et bonne, grâce au rendement de ses décisions. Elles feront souvent grincer des dents, mais une fois appliquées et pérennisées, elles légitimeront son rôle de guide et de chef.

L'on reconnait la grandeur d'un roi aux prises de positions pertinentes qu'il a eu a effectué pendant son règne.

Le chef est le garant de règles définies par la communauté depuis les origines, elles survivent au temps, et leurs longévité sont le gage que cette règle a perfectionné les comportements.

La règle est selon Ptahhotep ce qui permet de dissocier le mal du bien, elle permet au peuple de se diriger dans ce monde ou règne le chaos.

« grandes » et « durables » sont des termes employés pour démontrer que la grandeur d'une règle établie résiste au temps. La règle définie par nos aïeux sur l'abomination de couchez avec ces propres enfants est une règle qui a traversé le temps. D'autres règles, tout aussi vitales et prestigieuses ont souvent perdu de leur influence, non pas du fait de la règle mais de l'iniquité de ceux qui sont censé l'appliquer.

Une règle juste et efficace perdurera pour les hommes justes et épris de bien alors qu'elle deviendra obsolète pour les décadents.

« efficacité » et « précisions » renvoient le lecteur des maximes au fait qu'une règle efficace atteindra avec minutie l'objectif qui a amené ses auteurs a la mettre en application, car une règle répond a un problème donné. Donc une règle bien élaboré aura forcement atteint le but qu'elle s'était fixé.

L'iniquité est le manteau des injustes, de ceux qui ce détournent des lois, et la punition des justes à l'encontre des injustes paraît démesurée et sans fondements pour celui qui fait le mal, car les lois qu'appliquent le juste sont des hérésies pour les injustes. D'ailleurs, ceux qui pratiquent le mal sont en général beaucoup plus nombreux, le mal arrivant toujours à détourner la masse, mais jamais durablement. Le mal s'installe, gouverne mais n'arrivera jamais à corrompre tout le peuple. De tout temps, il y a toujours une minorité qui décide de combattre les injustes, de combattre l'avidité de ces gens qui prennent le pouvoir pour asservir et détruire, pour s'enrichir et pervertir la fonction qu'ils occupent, alors que le juste magnifie et honore sa fonction.

Enfin « transgresse » et « châtier » sont importants dans la compréhension de l'application des lois, la transgression est toujours suivie à un moment ou à un autre du châtiment. Pour les Kémites, l'iniquité sera, au mieux jugée sur Terre, au pire devant le tribunal d'Ausar (Osiris).

Le crime paie un temps, la justice gagne tout le temps.


Conclusion


Le monde actuel en est le parfait reflet, la perversion et la corruption ont gangréné les gens assis à la table des gouvernements, salissant la noble fonction de guide du peuple, de garant des lois et des règles. Ils ont imposé leur règle inique [à leur image], de sorte que la décadence soit devenue légion, que la perversité soit généralisée. Or Pathhotep est un prophète, annonciateur de la fin proche, car le mal règne, mais la fin de l'Histoire est toujours la même, les justes triomphent des démons.

De toutes les époques, des hommes et des femmes de bien, souvent une minorité, étaient les garants des lois, souvent incompris car incompréhensibles pour les masses désorientées. De Garvey en passant à Khalid Muhammad et aujourd'hui Kémi Séba, les plus intègres sont souvent les plus insaisissables, les plus difficiles à cerner par le peuple. Mais l'avenir a toujours montré que leur prise de position était radicale...radicalement en contradiction avec leur époque décadente.


Kwamé Ptahhotep Touré, Institut Shabazz d'Afrothérapie (ISA)

4 commentaires:

  1. Pourquoi l'homme est-il enclin à l'injustice, à la transgression? est-ce génétique? à quoi juge-t-on de la qualité d'une loi?

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  2. Porpre, concis et tellement d'actualité.

    Très bon texte.

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  3. L'homme en générale n'est pas forcement enclin à l'injustice et la transgression, c'est plutôt l'homme qui cède à ses passions et ses désirs au détriments des lois en vigueur, j'aime à dire que la passion est l'enemi de la raison.
    On juge de la qualité d'une loi au réponse qu'elle apporte au problème qui a necessité cette loi, à l'effet qu'elle produit à court ou long terme.

    Kwame Ptahhotep Toure
    hotep

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  4. Hotep frère !

    Il y a écrit "Imhotep" dans l'introduction

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